Si un sadique fait référence à un pervers et dépravé sexuel, Worllfken Darffken Jolicoeur, lui, voit dans son nom d’artiste, son histoire. Il s’agit peut-être d’une tracée classique ! Dans la bouche de chaque artiste, elle sonne pourtant différemment. S.A.D.I.C.K est un jeune rappeur, un aventurier qui aura tout claqué pour entreprendre le grand voyage de la vie avec pour boussole la musique… bien évidemment. ..
D’abord Daze, S.A.D.I.C.K est un jeune artiste de 25 ans vivant aux États-Unis, plus particulièrement à West Palm Beach, qui a eu le courage de tout claquer pour vivre son rêve, la musique en y établissant ses propres lois. Il a pourtant essayé de s’adapter, de rentrer dans la moule du bien rangé. Ce qui l’avait conduit à étudier l’international mangement pour l’abandonner. Se cherchant, il s’approchera un peu plus de sa voie en s’adonnant cette fois à l’étude des Art producing qui lui donneront les bases de la production et l’enregistrement. Encore, il laissera tomber non par manque de consistance et par paresse mais parce qu’il n’aura pas voulu borner sa pensée aux critiques toutes construites. D’ailleurs, il est un aventurier, un fauve de la forêt vivant des lois qu’il se s’est lui-même fixé : « Je me considère comme un aventurier, vivant de mes propres lois et voulant vivre de ce que j’aime… »
S’il a laissé ses études pour s’adonner à la musique, il lui a aussi fallu laisser sa zone de confort et se jeter à l’eau. Depuis, il a multiplié ses voyages en Haïti jusqu’à y implanter un studio d’enregistrement. Ce choix est, selon lui, tactique : « Il me sera plus facile de joindre les deux bouts économiquement. » Ses bases en production et enregistrement aidant, il arrivera tant bien que mal à camper son studio. Surtout qu’il se trouve pratiquement seul ! En effet, S.A.D.I.C.K n’a ni manager ni une équipe de promotion autour de lui. Comme AlCol, il se retrouve à tout faire tout seul.
Ce choix sera, pour le moins, critiqué par son entourage. En effet, Worllfken Darffken est le seul garçon d’une famille de trois enfants. Les espoirs placés en lui n’englobaient bien évidemment pas la musique surtout le hiphop créole : « Mes parents n’aiment pas et ne croient pas non plus dans ce que je fais… » Entre le désamour de ses parents, les barrières tant économiques et promotionnelles et les incertitudes intrinsèques à son choix de vie, S.A.D.I.C.K veut tout même parier sur son instinct. Il sortira, à cet effet, son premier titre : RELEM.
Si à première vue, sa musique semble nous plonger dans le monde du hard rap, l’artiste assure qu’il s’agit tout simplement d’une non-censure : « La trivialité, la vulgarité ne sont pas forcément immorales. » Le message codé de vulgarité, de trivialité parle simplement ; il parle le langage humain. S.A.D.I.C.K a donc utilisé ce langage simple pour nous conter son histoire. Il raconte ses frustrations, ses difficultés mais aussi sa motivation dépassant les obstacles de plusieurs pans et qui lui permettra d’atteindre ses objectifs.
Aussi lorsque vous entendrez :
M ka tande lajan-money
Fè hit-bon weed
Bouzen-pussy
kap relem !
Il ne faudra pas le prendre au pied de la lettre, il fait plutôt référence aux promoteurs, manager et autres rappeurs qui lui rient au nez mais qui auront à l’appeler. Par rapport au bon weed, lajan-money, l’artiste parle de façon imagée des distractions pouvant le détourner de son objectif : « Mon objectif premier n’est pas de faire de l’argent [Oui, je veux vivre de mon art] mais surtout d’apporter ma pierre dans le rayonnement du rap kreyòl . »
Parlant de ses projets, S.A.D.I.C.K promet une vidéo de son premier titre dans les jours qui suivent. Il travaille déjà sur un second qui devrait paraitre après le carnaval. S.A.D.I.C.K veut prendre son temps pour lier davantage connaissance avec son public et agrandir son audience, c’est la raison pour laquelle il ne promet pas d’album.
La vie est peut-être un perpétuel pari mais la majorité des gens préférera toujours passer. Par prudence, cela va de soi ! Ils remarqueront, à la longue, n’avoir pas trop de choses à raconter ou à regretter. À l’autre extrémité, on retrouvera de grands parieurs croquant l’existence à pleine dent jusqu’à miser leurs vies. Au pire des cas, ils n’en sortiront pas vivant – comme nous tous d’ailleurs- mais auront de quoi faire rire et pleurer. Au mieux, ils auront gouté le gros lot. Le gros lot ne sera pas forcément de l’argent mais le sentiment d’accomplissement.
En tout cas, lui, il l’a fait. Sans rime ni raison, il s’est laissé mener par le souffle de la musique. La vie est comme la musique ! Trop de rationalité la rend fuyante. Lui, il l’a compris et on l’appelle S.A.D.I.C.K…On l’attend donc au carrefour des gros lots !
Alain Délisca