Mannzèl ! Qui ne se souvient pas de ce hit de Master Dji et de Supa Deno ? Cette musique a fait bouger Haïti durant des années jusqu’à s’inscrire en classique dans le mouvement rap kreyòl. En plus des pointures qui y ont contribué, cette musique s’inscrit en valorisation de la femme haïtienne. Aujourd’hui, Olicase la remet aux devants non sans y ajouter sa touche et invitant, du même coup, le public à le découvrir…
Olicase de son vrai nom Louis Olivier Marthely est un artiste né de la mouvance rap kreyòl si bien que le premier artiste à l’avoir inspiré est Dejavu de Barikad Crew : « J’ai toujours été attiré par ses particularités surtout la qualité de ses textes. » La mouvance rap kreyòl le poussera à créer un groupe avec quelques amis en 2006, C-Récif dit Central Récif.
Son nom d’artiste est scellé par l’amitié. En effet, son nom de scène est l’association des deux premières syllabes de son premier prénom : Oli et celui de son bon ami, Quesxanh. De Quesxnah, il ne retiendra que le Ques : « Habituellement, je l’appelais Ques… » Il changera pratiquement la sémantique mais l’association donnera un nom assez vendeur : Olicase …
Si sa première rencontre avec la musique est fortement imprégnée par le rap Kreyòl notamment avec son premier groupe C-Récif, Olicase est un artiste à l’aise sur différents rythmes musicaux. Dans les tubes à venir, on le découvrira alors sur différents styles comme le Kompa, le Trap et le Reggea mais il a précisé : « ….les rytmes sur lesquels je m’adapte le plus restent le Dancehall et l’Afro. »
Aussi son amour pour la musique le poussera à s’y adonner complètement : « Je suis un musicien à plein temps… » Cela ne l’empêchera pas cependant d’entrevoir d’autres perspectives particulièrement en tant qu’ingénieur de son à Oh Sound Studio.
L’amour donne des ailes dit-on. Olicase décidera de redonner vie à un classique du rap Kreyòl haïtien. Un remix est assez facile mais prendre un classique et y laisser sa marque sans se faire éclipser pourrait refroidir l’ardeur de plus d’un. Pourtant, lui, il l’a fait avec Manmzèl, le hit du grand Master Dji et du talentueux Supa Deno. Ce qui, au départ, avait motivé l’artiste n’était nullement un remix pour un remix mais un besoin d’équilibre : « Le constat a été la dérision constante de la femme, sa dévalorisation. En tant qu’artiste appelé à poser les différents problèmes sociaux, je me suis senti interpellé. J’ai donc estimé qu’il s’agissait d’un devoir de remonter le temps pour mettre en valeur la femme haïtienne tout en honorant certains pionniers. C’est aussi l’occasion pour rappeler aux autres artistes le verbe utilisé par les pionniers pour parler de la femme. »
Fort est de constater sa marque, sa particularité. C’est ce qui d’ailleurs lui vouera un succès, selon lui, mérité : « On ne remarquera pas une simple adaptation ! J’y ai mis toutes mes capacités professionnelles jusqu’à y laisser mes empreintes. » La qualité du texte et de la vidéo, l’arrangement du son renvoient à un artiste confirmé n’ayant rien à envier aux grosses pointures du monde musical haïtien. Cependant Olicase se veut humble en mettant aux devants le travail de son équipe particulièrement BirthRITE ENT qui lui a permis de se découvrir une autre facette qu’est la motivation.
Olicase ne compte pas se reposer sur seslauriers. En effet, sa fin d’année sera mouvementée. En plus de la promotionde Manmzèl, il se lance déjà dans la finalisation de sa nouvellemusique « Tann Mwen ». Attendez-vous alors à être encore délicieusement surpris. Le shooting de la vidéo de « TannMwen » est aussi prévu pour cette fin d’année. Enfin par rapportà un possible album, l’artiste assure qu’il s’agit, bien évidemment, d’unprojet à court terme mais préfère ne pas donner une date en laissant cettelatitude à son équipe managériale.
Tout le monde peut jouer au football tout comme tout le monde peut chanter. Cependant seulement la touche de balle peut laisser entrevoir la marque de ceux appelés à marquer à jamais. Olicase a cette particularité qui ,sans de grands slaloms, montre déjà les skills d’un grand. D’autres gâteries sont à venir… restez donc branchés…
Alain Délisca