Les revers artistiques des escalades PetroChallenge

Le mouvement PetroChallenge avait, on se le rappelle tous, comme influenceurs de premier rang les artistes. N’était-ce pas leur voix, leur poids dans la balance, la jeunesse haïtienne ou tout simplement Haïti n’aurait pas connu ce réveil soudain. Une èinème preuve attestant du poids de la culture ! FrankEtienne, en ce sens, ne saurait pas mieux dire : « Quand tout s’effondre, la culture reste. » Cependant, les escalades connues depuis le 18 novembre ne sont pas sans répercussions sur les activités des artistes en Haïti ne vivant majoritairement que de leur art…

 

Qui se rappelle qu’on est à la veille de la Noël ? C’est, en principe, l’époque où les concours de chant se multiplient ! C’est aussi l’époque, aux côtés du carnaval et de la période estivale, où les artistes enregistrent leur meilleur chiffre d’affaires. Les escalades connues depuis le 18 novembre ne viendraient peut-être pas encore annuler certains programmes projetés mais les questionner sérieusement.  Le  manque d’activités de certains sponsors ne viendrait-il pas aussi étriquer la tenue de certaines activités ? Il est vrai que de telles revendications déterminent l’avenir de tout un peuple ; et, pour citer Gessica Généus, un tel mouvement est plus grand que les commissions versées par les sponsors.  A la longue, il augmenterait le niveau de vie de la population et affecterait positivement les recettes des artistes.

 

Les artistes qui ne s’affichaient publiquement pour le procès PetroCaribe avaient au moins la présence d’esprit de tenir un discours mitigé ou de se taire tout simplement. D’autant plus, quel artiste se mettrait publiquement en face de ses fans, surtout un point qualifié de juste par l’opinion publique ! En tout cas, l’enthousiasme des premiers pas de certains artistes semblent, depuis peu, s’être refroidis notamment après le 18 novembre. Le mouvement se serait-il avéré moins sensationnel ? Peut-être ! D’autres secteurs, jusqu’ici mis à l’écart, s’en sont goulûment emparé ? Surtout ! Aussi, une autre raison pour le moins importante pourrait être évoquée : les poches des artistes se voient affectées…

 

Eh oui…beaucoup de nos artistes vivent uniquement de leur art comme un cireur de bottes vit de sa boite à outils, un médecin de la maladie des patients et un avocat des malheurs de ses clients, ct. Ces porteurs d’étendard sont aussi des hommes ! On ne leur tiendra donc pas trop rigueur de douter ou de se retirer tout bonnement. Ceux qui vivent en Haïti, comme Welele, ont raté des journées de travail et ont dû annuler des prestations. Il faudra aussi compter ceux qui font la promotion de leur album nouvellement sorti. Déjà qu’un contexte relativement serein ne leur aurait apporté que le substantiel, imaginez un instant qu’ils se voient obligés de revoir à la baisse même le substantiel ! A quoi bon alors continuer ?

 

Oui…il s’agit d’une lutte noble et que les retombées pour les artistes, à la longue, n’en seront plus que bénéfiques Sur ce point, il n’y définitivement pas débat ! Encore…cette situation n’est pas appelée à perdurer. Du moins, on espère ! Pour voir demain, entre temps, ils doivent vivre. Ils ne le diront pas. Question de rester politiquement corrects, ce qui est tout à leur honneur. Mais nous savons pertinemment que ces genres d’assauts ne font que déplumer peu à peu nos faiseurs de rêve. S’il est vrai que poser ces questions, en apparence, individualistes peut avoir des effets pervers, ne pas non plus pointer ces genres de malaises n’aura contribué à envoyer qu’un message: tout va bien.

 

Alors lorsque leurs dernières plumes seront tombées et que les choses, bien évidemment, continueront de s’effondrer, que nous restera-t-il ? Lorsque nos velléités seront parties, qui les réveillera ?

 

Alain Délisca